Saturday 24 August 2013

Translation of an article from the (New Zealand) National Business Review (22/8/2013)

Le parlement a passé la loi sur la surveillance nationale (GCSB)  et l’attention se tourne maintenant sur la législation d’interception des compagnies téléphoniques, et son retournement protectionniste. 
Traduit de l'anglais. L'article original  est paru dans le (New Zealand) National Business Review du 22/8/2013 et est accessible ici: http://www.nbr.co.nz/article/raw-data-third-reading-speech-gcsb-legislation-john-keys-speech-ck-144709
La descente de police bâclée sur la propriété de Kim Dotcom a mis en évidence l’illégalité de la surveillance interne dans notre pays.  Mais malgré la campagne publique menée par le géant Allemand, paradoxalement, cette affaire n’aura abouti qu’à un durcissement de notre législation sur la surveillance.  
Le projet de loi GCSB, qui permet au Government Communications Security Bureau d’épauler les agences internes en espionnant des citoyens néozélandais, vient en effet d’être accepté.  
Le vote de 61 contre 59 voix, comme attendu, a bénéficié de l’appui du parti National, de John Banks pour Act et de Peter Dunne pour United Future[1].
Russel Norman, à la tête du Green Party[2], a immédiatement promis que cette loi serait révoquée si une coalition  Green-Labour prenait le pouvoir l’an prochain. 
Maintenant que cette loi est passée, l’attention se tourne  vers  un autre projet de loi, qui fait pendant au GCSB : le Telecommunication (Interception Capability and Security) Bill [3] (TICS).
Lorsque celle-ci est présentée au parlement, les opposants à cette autre loi sur la surveillance risquent de se retrouver confrontés à une lassitude grandissante. 
Pourtant cette législation présente deux retournements de situation fort intéressants.
D’abord, une clause permet au Ministre ICT[4] d’exiger des fournisseurs de service (tels Apple pour iMessage, , Microsoft pour Skype et Google pour Chat, Talk etc) de faire en sorte que les communications sur leurs services puissent être interceptées. Apple et Google ont fait des soumissions à l’encontre de cette législation. Vont-ils renforcer leur opposition lorsque TICS sera présenté au Parlement – en particulier après la révélation de Vikram Kumar[5] qu’ils seraient également tenus de laisser accès au GCSB à leur données, tout ordre de le faire  devant rester secret? Et serait-il possible que Apple, Microsoft, Google ou Facebook prennent alors la décision de ne plus offrir leurs services en Nouvelle Zélande?
Deuxièmement, d’après certains ce projet de loi présente un élément de protectionnisme similaire à celui adopté par le gouvernement des Etats Unis.
Il a toujours été exigé des sociétés de téléphones que leurs réseaux puissent être interceptés. Mais TICS va beaucoup plus loin en attribuant au gouvernement un rôle de décision sur l’amélioration de l’architecture de réseaux, ainsi que sur  le choix des fournisseurs de matériel nécessaire a ces améliorations. 
L’objet de controverse est ici bien évidemment la marque chinoise Huawei, dont divers membres du congrès des
Huawei on New Zealand Telecom
Etats-Unis ont insinué qu’elle espionnait pour la Chine. En Australie, Huawei est d’ailleurs exclus du marché d’offres pour ce qui concerne le National Broadband Network[6]
Des cyniques ont voulu voir  un élément de protectionnisme derrière le harassement continuel de Huawei par le congrès des Etats-Unis (la  société chinoise a réitéré ses demandes auprès de ses détracteurs de donner des preuves de ce qu’ils avancent). Une chose est sûre:  les compagnies technologiques des Etats-Unis bénéficient de cette interdiction de fait de Huawei.
La législation des projets de lois GCSB et TICS offrent un très grand rapprochement de ce qui se fait aux Etats-Unis. La Nouvelle Zélande fait partie du réseau Five Eyes (‘Cinq Yeux’); avec des services internet hébergés par les Etats-Unis, bien peu de communications électroniques restent sur le sol national, et lorsque Russel Norman lui a  demandé  si le GCSB était financé par les Etats-Unis,  John Key[7] a refusé de répondre.
Là où les choses se compliquent c’est que Huawei est déjà très bien implanté en Nouvelle Zélande, où il est le partenaire réseau principal de 2degrees et un partenaire de Telecom pour l’amélioration de son réseau portable 4G. Il a également des contrats avec Vodafone, Chorus, Ultrafast Fibre et Enable Networks. Plusieurs éléments du déploiement de l’Ultrafast Broadband (UFB) utilisent fibre et  électronique Huawei ainsi que sa gestion de services.
Avant que la controverse de Kim Dotcom ne voit le jour et que ces projets de loi ne soient introduits, John Key avaient correctement identifié que la société Huawei offrait l’option la plus rentable pour le UFB. Et elle  l’est effectivement, directement ou en aidant à rendre les offres plus compétitives.  
Et donc, si les Etats-Unis essaient de faire pression sur la Nouvelle Zélande on court le risque de se trouver dans une position très désagréable. Il est hors de question pour nos compagnies téléphoniques de payer plus cher leur matériel.   
Cependant, à moins que les services tels  Google et Microsoft menacent réellement de couper la Nouvelle Zélande de leurs services, je ne vois pas comment le débat sur le TICS va progresser (et à mon avis ils ne le feront pas, car ils se trouveront de plus en plus dans un contexte législatif similaire un peu partout dans le monde et ne voudront pas créer un précèdent).
Une série de meetings en opposition au projet de loi du GCSB a mobilisé un nombre impressionnant de personnes, mais généralement  les problèmes de droit  de protection de la vie privée ne trouvent pas beaucoup d’écho chez les néozélandais. Beaucoup d’entre eux n’aiment pas l’idée de la collecte massive de métadonnées, mais seulement vaguement. Pour beaucoup ce n’est pas quelque chose qui les fera changer leur vote aux prochaines élections.  Et une minorité de critiques de droite qui ont pourtant clairement expliqué leur opposition à la législation du GCSB a cependant échoué à faire changer  les votes décisifs de John Banks et Peter Dunne. Les chances sont bien minces que ceux-ci votent contre TICS.
Chris Keall




[1] Coalition de partis formant le gouvernement actuel, conservateur/néolibéral.
[2] Parti de l’opposition, pour la défense de l’environnement et la justice sociale.
[3] Capacité d’Interception des Télécommunications et Sécurité
[4]  Technologie de l’Information et de la Communication
[5] PDG de la nouvelle societe de Kim Dotcom, Mega.
[6] Réseau National Large Bande
[7] Premier Ministre néozélandais.

No comments:

Post a Comment